« Dans les années soixante, le village de Saint-Laurent-des-Eaux dans le Loir-et-Cher, voit s’imposer dans le paysage ses deux premiers réacteurs nucléaires A1 et A2. Les deux autres, B1 et B2, verront le jour pendant ma première année de vie, en 1976. La transformation de ce milieu rural a non seulement donné une nouvelle identité au village, mais elle a aussi impacté l’héritage mémoriel de ses habitants. C’est en effet dans cette commune qu’auront lieu les deux plus grand accidents nucléaires que la France ait connu sur son territoire. L’un le 17 octobre 1969, le second 11 ans plus tard, le 13 mars 1980.
Vivre à côté d’un site nucléaire n’est pas anodin. Ma maison familiale, située seulement à 2 km du site, a vu grandir quatre générations de femmes. Ma grand- mère et ma mère ont été les témoins de la mutation de cette campagne, dans laquelle pâtures et vaches ont rapidement coexisté avec les réacteurs. Aussi, la transmission d’un lieu de vie va de pair avec ce qui l’entoure. Ma fille ainée et moi-même seront les héritières de cette promiscuité imposée. Les centrales sont devenues, en arrière-plan de cette mémoire commune, le symbole de l’histoire familiale.
Entre attachement et rejet du paysage, Zone sensible représente mon empreinte émotionnelle liée à ce territoire. C’est au travers de mon point de vue intime sur cet environnement si particulier, que je pose la question du « vivre au bord de » et de notre relation aux sites industriels nucléaires. » NH

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